Bonjour à toutes et tous,
Voici un petit extrait de mon 3ème livre pour une reconversion réussie.
bonne lecture et merci d’avance pour votre retour.
Carole
L’Éthique questionnée par le désir (l’éthique du désir
)

« M’en allant compagnon, pain en poche, telles les couleurs des eaux vives d’une bamboche.
À copains, présentant leurs toiles achevées du matin Et si tu dégustes, c’est d’avoir mangé plus d’un pain. »24
« Le bien-être ne résiderait donc pas forcément dans une parfaite adaptation à la réalité du moment, mais dans la capacité à œuvrer à l’amélioration de la vie de la communauté tout en ayant le sentiment de se réaliser. » 25
Il y a un grand nombre d’années, j’intégrais avec fierté la fonction publique hospitalière, dans un établissement public de santé au sud de la France. J’avais volontairement aménagé mon temps de travail à temps partiel.
Sportive de haut niveau, je m’entraînais quatre heures par jour, tous les jours de la semaine. Le travail avait une semi-importance pour moi à l’époque puisque l’essentiel était de « pratiquer » mon sport favori avec mes coéquipières et de pouvoir avec plaisir « vivre ensemble ».
En quelque sorte, le but de partager des épreuves, en lien avec un esprit d’équipe, devant les imprévus que nous traversions.
Aujourd’hui, je me dis ce que le terme « pratiquer » veut dire : un verbe d’action « travailler » un moyen de mettre en
œuvre.
« Pour les vertus (…), leur position suppose un exercice antérieur, comme c’est aussi le cas pour les autres arts. En
effet, les choses qu’il faut avoir apprises pour les faire, c’est en les faisant que nous les apprenons (…) les actions justes que nous devenons justes, des actions modérées que nous devenons modérés et les actions courageuses que nous devenons courageux. »26
Lors des compétitions avec d’autres sujets, j’ai appris que les critères d’évaluation normalisés qu’on me faisait passer
régulièrement étaient rarement réalistes et convaincants dans les objectifs que les entraîneurs avaient prévus pour toute l’équipe.
Ces évaluations ou prises de décisions par les autres me donnaient parfois un sentiment d’être plus tôt
considérée comme un objet que comme un sujet.
Aujourd’hui, je rejoins rapidement la pensée de la psychodynamique du travail, et de la notion que le travail prescrit n’a rien à voir avec le travail réel… même si à l’époque, j’étais semi-professionnelle et que je ne considérais pas que je « travaillais » « je pratiquais » seulement…
Lors de ma construction identitaire, certaines valeurs parentales ont été préservées. Les autres, il m’a fallu les apprendre le long de mon parcours tant au point de vue des bonnes « rencontres », des mauvaises aussi et au fur et à mesure des expériences du « travailler » que je vivais au présent, dans le partage ou non avec d’autres.
Enfin, d’autres valeurs seront encore interrogées selon les choix que j’emprunterai lors de mes expériences à venir.
La psychanalyse m’a beaucoup apporté.
J’ai eu la chance de faire une belle rencontre qui m’a permis malgré beaucoup de souffrances insoupçonnées lors de
cette traversée de donner un vrai sens à ma vie.
J’ai observé, écouté et entendu que tout le monde n’avait pas conscience de son choix ou de cet engagement qui permettent de lâcher des bénéfices secondaires comme mécanismes de défense pour en construire d’autres, plus adéquates, avec notre propre sujet.
J’aime d’ailleurs beaucoup la citation de Jacques Lacan qui représente ce sujet en devenir toujours en mouvance : « Ce qui se réalise dans mon histoire, n’est pas le passé défini de ce qui fut puisqu’il n’est plus, ni même le parfait de ce qui a été dans ce que je suis, mais le futur antérieur de ce qu’aurait été pour ce que je suis en train de devenir. » 27
Ma carrière sportive nationale et internationale achevée, je continuais à construire ma vie professionnelle, affective et amicale, avec des valeurs partagées qui faisaient lien social tant dans la communauté publique que dans la communauté privée et associative.
De plus, travailler aussi dans un établissement public de santé ou un Ehpad 28 est un engagement, celui d’avoir une approche autour de la prise en charge de qualité des soins des patients ou des personnes âgées, même s’il n’est pas forcément en lien direct avec les patients ou des résidents.
Ces rapports sociaux sont de vrais partages de valeurs bienveillantes, en lien avec l’accueil, l’écoute et la prise en
compte du désir des sujets. Cette relation à l’autre permet de s’interroger sur l’état des prises en charge, sur les projets communs à venir, les mettre en place, tout en ayant un regard critique dans des possibilités d’actions
« transformatives ».
J’apprends chaque jour qu’aller à l’essentiel, c’est y aller avec plus de discernement possible en étant acteur de la
situation et de ses propres choix. Certes, pour que cela fonctionne, il ne faut pas oublier de respecter l’institution
avec ses règles communes ou réglementaires, et d’entrer dans la coopération si un collectif institutionnel existe.
Et s’il n’existait pas, ne faudrait-il pas l’inventer ?
Le but de chercher les voies du travail de la subjectivité combinées au travail effectif afin de construire une délibération consensuelle honore la vie. Le travail bien fait et la qualité appuyée par la confiance au sein de la coopération libèrent la puissance du vivant même si elle est foncièrement discontinue par rapport à la technique. La confiance repose sur l’éthique et non sur des activités qui seraient techniques ou psychologiques. La confiance et la loyauté y sont indissociables.
Parfois, je regarde le monde avec mon âme d’enfant étonnée et je suis toujours surprise de ce que la vie nous
apporte. C’est toujours dans cet après-coup, une temporalité nécessaire, et cette contingence qui s’offre à nous dans les expériences que nous devons traverser, selon les choix conscients ou inconscients que nous faisons ou en relation
à certains choix des autres.
Adopter une posture de respect vis-à-vis d’autrui est une éthique et le risque de l’action exige une grande clarté envers ces situations, surtout lorsqu’elles sont urgentes et en lien avec nos bonnes intentions…
Pour saisir les ressources psychosociales, il faut s’attacher à comprendre ce qui se passe dans le champ de la santé au
travail. Un champ où il ne faut pas avoir peur de s’y mêler, de discuter sur des points de vue différents, de débattre sur ce que nous voyons et de dire comment on pourrait s’y prendre en s’exposant parfois à la critique.
C’est en passant par la délibération collective faite de remises en cause, déliaisons, de divergences et d’une déstabilisation de l’existant. C’est donc la controverse qui en est le ressort, au sens propre et au sens figuré…
24 Compagnons pain en poche, poésie, Carole MAIRE.
25 Canguilhem, 1966 ; Clot, 1999.
26 (C. DEJOURS, Travail vivant 2, travail et émancipation, 2013.)
27 (J. LACAN, Écrits, 1966.)
28 Un EHPAD est un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. (Également connu sous la dénomination Maison de retraite) dédié à l’accueil des personnes âgées de plus de 60 ans en situation de perte d’autonomie physique ou psychique et qui ne peuvent plus être maintenues à domicile.

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